Paul Kagame : Un Quatrième Mandat Sous le Signe de la Controverse

Kigali, Rwanda - Ce 11 août, Paul Kagame, figure emblématique du Rwanda, a été officiellement investi pour un quatrième mandat présidentiel lors d'une cérémonie grandiose à Kigali. Mais derrière les festivités, l’ombre d’une démocratie en souffrance plane sur cette investiture.

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Devant des milliers de spectateurs rassemblés au stade Amahoro, Paul Kagame, 66 ans, a prêté serment pour la quatrième fois en tant que président du Rwanda. Entouré de plusieurs chefs d’État africains et dignitaires, il a réaffirmé son engagement à « préserver la paix et la souveraineté nationale » tout en « consolidant l’unité nationale ». Pourtant, cette cérémonie, marquée par une forte participation internationale, ne saurait masquer les critiques croissantes concernant le processus électoral et le manque d’ouverture démocratique dans le pays.

Une Victoire Écrasante, Mais Suspecte

Le 15 juillet, Kagame a remporté la présidentielle avec un score sans appel de 99,18 % des voix. Ce résultat, salué par ses partisans, est cependant perçu par les défenseurs des droits humains comme un indicateur inquiétant de l’état de la démocratie au Rwanda. En 2015, une révision constitutionnelle controversée avait permis à Kagame de se représenter après avoir déjà atteint la limite de deux septennats. Cette réforme, instaurant le quinquennat avec un maximum de deux mandats, pourrait permettre au président rwandais de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

Une Répression Politique Sous-Jacente

Paul Kagame, souvent décrit comme l’artisan du redressement économique du Rwanda après le génocide de 1994, est aussi critiqué pour son régime autoritaire. L’opposition politique, étouffée par des mesures répressives, peine à se faire entendre. Seuls deux candidats ont été autorisés à se présenter contre Kagame lors de cette élection de juillet, tandis que d’autres, souvent très critiques envers le président, en ont été empêchés. Les résultats parlent d’eux-mêmes : Frank Habineza, leader du Parti démocratique vert (DGPR), n’a recueilli que 0,50 % des voix, tandis que l’indépendant Philippe Mpayimana en a obtenu 0,32 %.

Une Population Partagée Entre Fidélité et Crainte

Pour beaucoup de Rwandais, notamment les jeunes, Paul Kagame est le seul leader qu’ils aient jamais connu. « J’ai fièrement voté pour le président Kagame et il était essentiel que je sois là aujourd’hui pour assister à cette investiture historique », confie Tania Iriza, une commerçante de 27 ans. « Ses qualités de dirigeant ont transformé notre nation », ajoute-t-elle, exprimant une opinion partagée par nombre de ses concitoyens.

Cependant, derrière ces témoignages de soutien, le climat de peur instauré par le régime est bien réel. Kagame est accusé de régner par l’intimidation, les détentions arbitraires et, dans certains cas, par des assassinats ciblés. Alors que le Rwanda entre dans une nouvelle phase de son histoire, l’avenir de la démocratie dans ce pays reste incertain.

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