Les Médicaments Falsifiés en Afrique : Une Menace Silencieuse pour la Santé Publique

Une nouvelle étude confirme une réalité inquiétante : près d’un quart des médicaments disponibles en Afrique sont falsifiés ou de qualité inférieure, posant un risque majeur pour la santé publique sur le continent.

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L’Afrique fait face à une crise de santé publique d’une ampleur alarmante. Selon une étude récente menée par des chercheurs des Universités de Bahir Dar et Gondar en Éthiopie, environ 22 % des médicaments vendus sur le continent sont soit falsifiés, soit ne répondent pas aux normes de qualité requises. Ce problème, loin d’être nouveau, avait déjà été mis en lumière par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en 2022, qui attribuait 267 000 décès annuels à l’utilisation de médicaments antipaludiques de mauvaise qualité.

Une Prévalence Alarmante

L’étude éthiopienne s’appuie sur l’analyse de 27 études médicales qui ont examiné l’efficacité et l’authenticité de divers médicaments vendus en Afrique. Parmi les plus touchés figurent les antibiotiques, les antipaludiques, et les médicaments antiparasitaires. Le Nigeria, par exemple, est particulièrement affecté, avec 75 % de certains antibiotiques, comme la ciprofloxacine et le métronidazole, jugés de qualité inférieure. Au Malawi, ce chiffre grimpe à 88 % pour les antibiotiques distribués, ce qui souligne l’ampleur du problème.

À l’inverse, certains pays comme le Gabon semblent mieux résister à ce fléau, avec seulement 0,5 % de leurs antibiotiques considérés comme falsifiés ou de mauvaise qualité. Ces chiffres révèlent une disparité régionale qui souligne la nécessité d’une approche harmonisée pour lutter contre ce problème.

Les Facteurs en Jeu

Plusieurs facteurs expliquent la prolifération des médicaments falsifiés en Afrique. D’abord, un cadre réglementaire souvent insuffisant dans de nombreux pays rend difficile le contrôle efficace des médicaments importés et produits localement. De plus, la forte demande de médicaments, combinée à une faible capacité de production nationale, incite certains acteurs à recourir à des pratiques frauduleuses pour répondre à cette demande.

L’absence de contrôle strict, notamment dans les zones franches, où les normes à l’importation sont laxistes, aggrave encore le problème. Ces conditions permettent à des produits de qualité inférieure de pénétrer facilement les marchés nationaux, mettant en danger la santé des populations.

L’Urgence d’une Réforme

Pour les chercheurs, la solution passe par un renforcement des réglementations et une meilleure application des lois existantes. Ils appellent les gouvernements africains à garantir un approvisionnement en médicaments de haute qualité, à renforcer les pratiques de fabrication, et à améliorer les processus d’enregistrement et d’autorisation de mise sur le marché des produits pharmaceutiques.

Le rapport souligne que la lutte contre les médicaments falsifiés est un « premier devoir de toute nation responsable » et que des actions immédiates sont nécessaires pour protéger la santé des populations africaines. La mise en place de mesures rigoureuses et l’application stricte des normes pourraient significativement réduire la prévalence de ces médicaments dangereux.

Conclusion

Le problème des médicaments falsifiés en Afrique est une crise silencieuse mais mortelle qui nécessite une réponse urgente et coordonnée. Seule une action ferme et déterminée des autorités, appuyée par des réformes structurelles et une coopération internationale, pourra endiguer ce fléau qui menace la vie de millions de personnes sur le continent.

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